Pouvez-vous nous pitcher ça boom ?

Ça boom c’est le premier média qui met à l’honneur les jeunes de plus de 60 ans. Nous allons proposer des vidéos et des articles autour de la transmission du savoir. Notre objectif est de valoriser les aînés à travers le premier média qui leur est destiné.

D’où est venue l’idée ?

M : L’an dernier nous étions en Master 2 Culture Startup à l’ESC Clermont. Nous avions travaillé sur un projet qui s’appelait les Mamies Toquées. L’idée étaitdecréer du lien entre les seniors et les étudiants. Au départ on se disait que chez le senior ce serait une bonne idée, puis ensuite on est parti sur un tiers lieux, pour enfin aboutir à la mise en place d’ateliers culinaires de transmissions. Pour ce projet nous avons dû réaliser une étude de marché. On a rencontré tous les acteurs de l’écosystème et de nombreux seniors. C’est ce qui a nourri notre réflexion. Nous souhaitions lutter contre l’isolement des seniors mais on s’est rendu compte que de nombreuses associations s’occupaient déjà de cela. On a donc choisi de travailler sur la prévention pour éviter cet isolement.

Pourquoi avoir choisi un média ? C’est assez original comme approche ?

C : lorsque l’on a rencontré les seniors pour notre étude de marché, on leur a posé plein de questions sur divers thèmes : la mobilité, l’isolement etc .. On s’est rendu compte que ce n’est pas ce qui les intéressait. Très rapidement ils bifurquent sur d’autres sujets, notamment les souvenirs d’enfance. Au final, on ne les connaissait pas mais pourtant ils se sont confiés très naturellement. On s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire autour de la transmission. D’ailleurs on s’est rendu compte que ça n’existait pas aujourd’hui.

On s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire autour de la transmission. D’ailleurs on s’est rendu compte que ça n’existait pas aujourd’hui.

Comment est-ce que vous “trouvez” les seniors à interviewer ?

M : On a d’abord regardé tous les lieux où il pouvait y avoir des seniors, les associations, les résidences, les villages d’or, les EHPAD, la mairie, les départements. C’est un petit écosystème où tout le monde se connaît et qui fonctionne par recommandation. On nous a facilement ouvert les portes.

C : On a aussi participé au salon des seniors au mois de novembre dernier. Un petit stand nous avait été gracieusement proposé. Nous étions avec nos feuilles A3 et nos messages écrits à la main “Transmettez vos savoirs” au milieu de stands très professionnels. Pourtant, notre stand a eu beaucoup de succès. Au final on ne leur proposait pas une solution pour pallier un problème, on proposait quelque chose qui les valorisent. On n’a vraiment pas eu besoin de les persuader, on a été très transparentes dans notre démarche et ça a fonctionné.

Quels sont les profils qui viennent naturellement à vous ?

Ce sont plutôt les jeunes seniors déjà sensibilisés aux outils numériques. Les 50/70 ans ont une vraie envie de partager leurs passions. Les plus de 80 ans ça ne les intéresse pas ou plutôt ça les effraie un peu.

Comment est-ce que ça se passe vos interviews concrètement ?

Ça dépend. Par exemple on peut leur demander de nous parler de leur passion ou de quelque chose d’inédit qu’ils ont vécu dans les années 40 ou 70. On rédige nos trames et après on tourne.

M : On ne veut pas que faire des interviews mais aussi des face à face par exemple. Un jeune et un senior qui parleraient des vieilles et nouvelles expressions pour exprimer une idée. Sans oublier l’origine du projet autour de la cuisine. Tous les dimanches on propose une recette de mamie.

Nous avons parlé de votre projet maintenant c’est à vous de passer sur le gril. Quel est votre parcours ?

Melissa : Je viens de Brioude en Haute-Loire. Après mon Bac es, je suis partie en BTS puis en Programme Grande École à l’ESC CLERMONT. J’ai été en alternance 2 ans au sein d’une agence de voyage, dont la cible principale étaient les seniors. Camille : Je suis arrivée à Clermont au collège et j’ai fait toute ma scolarité ici. Ensuite j’ai intégré le Bachelor de l’ESC Clermont, je suis partie étudier en Finlande 1 an puis j’ai effectué mon Master en alternance. Je travaillais au sein de Prisma Média en tant qu’assistante publicité.

Vous êtes de toutes jeunes entrepreneures, comment se passent vos premiers pas ? La plus grande fierté ? Le plus gros challenge ?

C : Notre plus grande fierté à ce jour c’est d’avoir participé au salon des seniors et réalisé que ce que l’on proposait plaisait. On a eu vraiment beaucoup de monde.

M : Nous étions novices en vidéo et aujourd’hui on a réalisé nos premiers formats de A à Z. Ecriture, tournage, montage et diffusion. Ce n’est pas rien et on apprend tous les jours. Notre plus gros challenge c’est de passer à l’action. On prépare beaucoup en amont, on a plein d’idées, mais ce n’est pas si facile que ça d’aller sur le terrain. Mener une interview ça demande de la rigueur et de l’énergie. Entrer dans l’univers d’une personne aussi. Il faut que l’on produise plus et aussi qu’on réfléchisse à la manière dont on va monétiser notre projet.

Vous avez choisi d’être incubées à SquareLab qu’est-ce que ça vous apporte ?

On a toutes les deux suivi la spécialité culture start-up et c’est naturellement que l’on s’est orienté vers le parcours émergence de SquareLab. C’est trois jours de cours par mois et surtout un vrai cadre de travail. Des bureaux dans lesquels on peut se rendre le matin et une équipe autour pour nous conseiller. Ça nous met dans une bonne dynamique plutôt que de travailler de chez soi confortablement installé sur un canapé.

crédit photos Square Lab

Pourquoi entrepreneurs plutôt que le confortable salariat ?

Camille : J’avais toujours eu en tête l’idée de monter ma boîte mais je voyais ça plutôt dans un futur lointain. Quand j’aurais 40 ans et un bagage professionnel derrière moi….

Melissa : Aujourd’hui notre projet nous ressemble. On fait à notre manière. En alternance c’était vraiment génial la première année, on a eu plein d’expériences et elles nous servent aujourd’hui. Pourtant c’est vrai qu’on se demande comment font les gens qui travaillent quarante ans dans la même boîte…
Alors on s’est dit si on le faisait maintenant ce projet. C’est pas grave si on échoue, même si en France on a un vrai problème avec l’échec.

C : avec ça boom, aucune journée ne se ressemble, on se remet constamment en question, c’est vraiment stimulant. Peu importe ce qui arrive, j’aurais tellement appris. Si on est amené à retourner en entreprise, je pense que cette expérience dans l’entrepreneuriat sera un vrai plus.

J’avais toujours eu en tête l’idée de monter ma boîte mais je voyais ça plutôt dans un futur lointain

Comment ont réagi vos parents ?

Camille : Mes parents ont vu que j’étais vraiment motivée et épanouie et ils étaient hyper contents.

Melissa : Je leur ai dit qu’il fallait que je le fasse et que même si j’échouais ce serait tout de même une super expérience pour moi. Je ne voulais pas avoir de regret en me disant “et si tu étais allée au bout du projet….”au début, quand j’ai parlé de ça à mon arrière-grand-mère elle ne comprenait vraiment pas. Là ça va un peu mieux. Cependant, il faut remettre les choses dans leur contexte. À mon âge elle était déjà mariée avec deux enfants. La sécurité financière était une nécessité.

Justement que disent les Papy Boomer sur le monde d’aujourd’hui vous qui les faites parler ?

Melissa : Alors déjà, la plupart on fait leur carrière dans la même entreprise. Ils ont tous cherché le CDI car c’est comme ça qu’on se construisait un avenir. Aussi, ils sont conscients que la place de la femme a évolué, elles sont désormais plus épanouies et considérées. Et enfin, la plupart du temps ils sont très proches de leur famille, leurs enfants et petits-enfants. ils en parlent tout le temps.

Ils ont tous cherché le CDI car c’est comme ça qu’on se construisait un avenir. Aussi, ils sont conscients que la place de la femme a évolué, elles sont désormais plus épanouies et considérées.

Quelles sont vos prochaines étapes ?

Il faut nous faire connaître et fédérer notre communauté. On prend l’orientation “food” parce que l’on pense que la nourriture rassemble, rend heureux. On a tous une madeleine de Proust qui nous fait sourire quand on y pense. Le poulet rôti, les pommes de terre sautées dans la vieille poêle etc etc.

Aujourd’hui on est sur Facebook, Instagram et Youtube. On analyse les différentes réactions à nos publications. Notre site internet est en cours de création. On pense aussi à réaliser un livre de recettes et pourquoi ne pas proposer des mini-vidéos qui resteraient au sein de la famille. En fait un peu comme l’écrivain public le ferait mais sous format vidéo.

À votre avis quels sont les enjeux de notre société par rapport aux personnes âgées ?

M : Il faut créer de plus en plus de lieux pour faire en sorte que les générations se côtoient .

C : Il faut faciliter les échanges avec les personnes âgées. Chacun à quelque chose à apprendre à l’autre. Et pour les prochains “vieux”, travailler beaucoup sur la prévention, lutter contre la sédentarité pour ralentir la perte d’autonomie et la dépendance. Et aussi comme disait Melissa, recréer du lien entre les générations.

C’est l’instant carte blanche quelque chose à ajouter?

Melissa : Il faut que chacun de nous fasse sa part. Avant de dire qu’il faut tisser du lien entre les générations, il faut déjà le faire au sein de sa propre famille. Nos proches ne sont pas immortels, il ne faut pas l’oublier et les prendre en considération.

Camille : Si vous connaissez des personnes âgées qui auraient envie de partager leurs idées…on serait ravie de leur permettre de diffuser leurs belles histoires !

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