Le 29 juin, c’était le Sprint Circulaire coorganisé par CocoShaker et le Valtom, dans le tout nouveau et très beau siège de Picture Organic Clothing. Une journée dédiée à l’accompagnement des initiatives zéro déchet et économie circulaire, dont la forme et l’ambiance illustrent bien l’état d’esprit de l’incubateur.

L’intelligence collective, c’est un peu le concept à la mode depuis quelques temps. Jusqu’à saturation parfois : empiler des Legos, coller des post-it, mettre en scène des situations… Il arrive qu’on perde le fil et carrément le sens de ces formats d’animation qui n’ont parfois d’intelligent que le mot.

Ce qui nous intéresse dans l’expérience de CocoShaker, c’est que le fond prime sur la forme. Ce qui devrait toujours être le cas n’est ce pas ?!

Derrière un incubateur d’entrepreneurs sociaux, il y a des valeurs cardinales, l’idée d’accompagner la transformation de projets en entreprises avec un impact social et/ou environnemental qui s’appuient sur un modèle économique pérenne…

On ne cherche pas vraiment la licorne chez CocoShaker, plutôt une entreprise pérenne, répondant, à l’échelle d’un territoire, à des besoins sociaux et environnementaux.

Pour cette journée dédiée à l’économie circulaire, l’ambition est de favoriser l’émergence : le passage de l’idée, de l’envie, de l’intuition à l’action. En rompant l’isolement, en donnant confiance, en dédramatisant l’entrepreneuriat. Tout le parcours d’accompagnement de CocoShaker est basé sur cette recherche de l’équilibre entre confiance et méthode.

S’écouter

Depuis son origine, CocoShaker cultive le questionnement comme source d’amélioration permanente. Le format choisi pour ce sprint, autour du codéveloppement illustre bien la démarche. Dans l’univers du « Codev », le client est celui qui apporte une problématique « J’aimerais que le groupe m’aide à … ». Le groupe se pose d’abord en posture de questionnement, pour bien comprendre la situation posée. Les mots clés : confiance dans le groupe, bienveillance, écoute, attention. La mécanique est celle du questionnement puis de l’empathie dans la phase de propositions : « à ta place, je ferais ». Le groupe, dans sa posture de consultant, n’est pas expert.  Il n’affirme pas. N’ordonne pas. Il écoute, se projette, imagine, propose. Là, les projets sont plutôt émergents, encore au stade d’envie, ayant besoin de délimitations, de précisions, de rebonds. Bien sûr, ça fonctionne.

Julie, participante de la journée, réfléchit autour d’une activité en lien avec la santé environnementale. Elle a une envie, celle de « faire sa part et de trouver du sens », plusieurs idées, pas encore matures…  « Ca m’a aidé à prendre conscience de mes blocages, de la nécessité de déconstruire des réflexes bien ancrés. A prendre du recul et surtout à prendre confiance »

Finalement, ce format est une belle illustration de la confiance placée en la puissance de l’intelligence collective. Un peu comme chez un psy, la première pierre apportée à son édifice réside dans sa propre capacité à se poser les bonnes questions et à accepter de se décaler un peu pour accueillir des réponses.

Au delà de cette journée, c’est toute la démarche de CocoShaker qui s’appuie sur l’engagement de l’intelligence collective. Comme si l’équipe chaussait des lunettes spéciales pour éclairer différemment tous ses projets.

Un effet « lunettes spéciales »

Sur le comité de sélection

Chaque programme d’incubation, dans tous les incubateurs de France et de Navarre, procède de la même manière pour sélectionner les projets à incuber. Un jury, un pitch, des questions, une délibération. Un moment ultra stressant et frustrant pour les porteurs de projet : 15 minutes pour jouer son avenir.

Cocoshaker a repensé son format pour en faire un moment de partage et d’apprentissage pour chacun, projets comme jurés. Au lieu de pitcher une fois 10′, le porteur de projet présente son projet à tous les membres du jury, puis il passera 15′ sur 5 ‘pôles’  animés par un binôme, pour échanger sur des questions spécifiques : modèle économique, ouverture à l’accompagnement, capacité d’enrôlement, posture entrepreneuriale….

L’expérience est plus riche : ce n’est plus un grand oral mais plutôt une session d’apports, de regards différents portés sur le projet, de feedbacks bienveillants, … 

Pour Damien de Cinylo, Promo Allier, l’expérience était plutôt réussie : « c’est vraiment bien d’avoir le temps d’exposer mieux son projet, ce n’est pas juste une prise de parole, c’est un temps de travail sur son projet. Les retours sont très intéressants. L’ambiance est plutôt à la bienveillance mais les questions sont très pertinentes. J’en suis sorti sans certitude d’être sélectionné mais avec de nouveaux sujets de réflexions »

Sur les parcours d’accompagnement

Parti d’un format unique, CocoShaker a développé de nouveaux formats pour mieux s’adapter aux cycles de vie de l’entrepreneur : émergence, accompagnement et un format en cours d’expérimentation pour structurer le déploiement, plein de formats de rencontres et d’interactions : les petits dej, les déjeuners porteurs de projets, les déjeuners inspirants…

Le fil rouge, c’est la cohésion de groupe, fondement d’une dynamique d’intelligence collective. Il faut bien se connaître pour se comprendre, s’assurer que l’on parle le même langage… Pour Pauline Tranchant, responsable des parcours, « l’interconnaissance est au coeur de l’esprit CocoSahker, elle se nourrit de tous les événements pensés en ce sens : la journée d’intégration pour les nouveaux incubés, la rando tous ensemble, les rencontres entre anciens incubés, les déjeuners participatifs ou encore les comité mi parcours ou bilan… Le but est de créer un climat de communauté. Tous nos moments clés sont pensés pour y contribuer »

Sur la mesure de l’impact

Les projets incubés par CocoShaker sont plutôt des « petits projets ». Pas des licornes donc. Or, dans nos univers entrepreneuriaux et start-up en particulier, le référentiel de succès serait plutôt le montant de la levée de fonds, le graal. Quand on s’inscrit dans une économie par nature non capitalistique, quels indicateurs peut-on valoriser ? C’est tout une démarche de changement de paradigme qu’il faut alors engager. C’est ce travail de fond que CocoShaker a engagé avec la complicité du CISCA autour de l’évaluation d’impact : en mesure d’impact isolé auprès des incubés d’abord, puis en évaluation d’impact collectif en associant l’écosystème. (lire aussi Pas de transformation durable sans démocratie)

Pour Marion Audissergues, directrice, si la démarche a bien fonctionné, c’est aussi parce qu’elle a été menée avec un engagement fort et une vraie volonté d’être challengé. Et finalement, elle montre aussi comment une telle démarche peut être à la fois un outil pour l’incubateur mais aussi un instrument d’acculturation à la notion d’impact pour tous les partenaires qui se sont immergés dans le projet.

Et même sur les conseils d’administration & le management

Les lunettes opèrent aussi sur le fonctionnement interne. Dans l’animation de la contribution et de l’engagement des administrateurs. Et de l’équipe aussi.

Cohérence en somme !