Vous avez sûrement déjà, si ce n’est participé, au moins vu passer le nom de « fresques du Climat » ? Et bien sachez que le modèle se duplique quasi à l’infini.

Jeudi, dans le cadre de la Clermont Innovation Week, à Turing 22, dans une configuration toute simple, des petits groupes de participants pouvaient tester les fresques de la biodiversité et de l’économie circulaire à l’invitation de la Plateforme 21. Et ce qui est frappant, ce sont les dynamiques, les débats qui s’engagent très vite, avec des regards différents, qui se complètent et s’interpellent. Et le tout, dans la bonne humeur, et ce malgré un sujet pas forcément drôle.

Des fresques pour tout

La plateforme 21 se présente comme un ‘réseau pour anticiper et agir dans un monde en transition économique, sociale et environnementale vers plus de durabilité’. D’ailleurs, si vous cherchez des infos sur les expérimentations locales, des ressources méthodologiques, des contacts sur le sujet, leur site est une véritable mine d’or. Bref, à lire la mission de la plateforme 21, tout est dit pour introduire cette soirée dédiée à l’immersion dans les mécaniques des fresques. Il s’agit bien de comprendre pour agir.

Apparentées aux serious game, les fresques reposent toujours sur un modèle pédagogique et ludique identique. Les fresques du Climat, les plus connues, sont développées par le Shift Project sur la base du rapport du GIEC. Mais il en existe aussi autour de l’eau, des déchets, du numérique…

Le principe ?

On joue toujours avec un animateur. Pour cette soirée, c’était Marie Forêt- Un pas de côté, Pierre Gérard – Regards mêlés, Dominique Michalon, Alticentre et Claire Taina -ClairSens. Formés et experts du domaine, ils sont en capacité de commenter, documenter, mettre en perspective chacun des sujets traités.

On joue avec des cartes, qui arrivent de manière progressive, à mettre en ordre sur une affiche qui modélise les interactions. On les lit. Elles sont informatives, parfois nous interrogent en mode vrai ou faux. Puis il faut les classer par catégories. Enjeux,  ressources, impacts …

Enfin, il faut les relier par des flèches pour matérialiser les relations de causes à effets des éléments entre eux.

Et c’est un cheminement très pédagogique. Une vraie réflexion qui s’engage, qui interroge nos a priori et qui favorise une prise de conscience progressive. L’approche permet d’appréhender la complexité des sujets traités, leur interdépendance. On se place progressivement dans une vision systémique des contextes complexes. Ce qui est finalement assez rare dans notre environnement siloté. L’effet papillon en somme …

Le paradoxe

Souvent, le moral du groupe suit une courbe qui ressemble à celle du deuil. Le choc et le déni, puis la colère et la peur, suivie de la tristesse, avant d’attaquer la remontée vers l’action.

Tout le monde ne démarre pas au même point de connaissance mais sur ce type de séquence, la plupart des participants sont plutôt déjà sensibilisés. On est plutôt entre convaincus.

Ceci dit, la plupart des participants sont là au titre de leur adhésion professionnelle à la plateforme 21. Ils sont donc là parce qu’ils sont intéressés mais aussi dans une posture d’essaimage interne. Et on peut parfois sentir une posture légèrement schizophrénique entre des convictions personnelles et le sentiment de pouvoir les infuser dans leurs organisations.

L’un des participants partageait une expérience vécue en entreprise. Chargé de la mise en œuvre de la politique RSE d’un groupe, il expliquait que si son action se résumait à promouvoir les éco-gestes en interne, il allait fatalement générer l’effet EPM (Et puis Merde !). En effet, pour maintenir de l’engagement, il faut que le sens de chaque « petit » geste trouve un écho dans une ambition plus grande. Personne ne veut porter seul un fardeau aussi lourd. Le colibri oui, mais en bande.

Soyons systémiques … et optimistes

Néanmoins, la dernière séquence de la fresque est toujours orientée solutions. Et elle se termine par l’analyse des effets non visés mais bénéfiques. Par exemple, pour la Fresque de l’économie circulaire, les emplois locaux générés par la relocalisation d’activités.

Enfin, chacun est amené à se projeter lui-même et son organisation dans une auto-analyse. Où sont ses propres impacts, ceux qui ont le plus de poids ? Et ceux qui pourraient le plus facilement bouger ?

Pour certains donc l’exercice est difficile, pour d’autres, il vient compléter une réflexion et un plan d’actions déjà engagées.

En tout cas, tous ont partagé le sentiment d’avoir appris, d’avoir découvert un outil assez puissant même s’il ne peut pas forcément être placés entre toutes les mains, notamment des plus jeunes.