Le monde du financement change, soumis à pas mal d’impulsions de toutes parts. Nathalie de Peufeilhoux, Responsable Pôle WAI Loire Auvergne Entreprises BNP Paribas clôturait la conférence dédiée à l’économie d’impact avec un éclairage sur les nouvelles approches en matière de financement à impact.

Du côté des investisseurs…

Maddyness est le média de la Start Up Nation. Chaque semaine, Pauline Rivière y puise l’inspiration dans les actus sur les dernières levées de fonds pour sa chronique audio éponyme. Et effectivement, on note bien cette forte tendance aux projets dits à impact. Maddyness évoquait l’évolution des habitudes de consommation  mais aussi du cadre réglementaire en faveur de la transition écologique. « Ce qui donne des idées aux créateurs d’entreprises et fait aussi évoluer les politiques d’investissements des fonds, plus sensibles aux critères ESG – environnementaux, sociaux et de gouvernance. » Dans cet autre article, « La notion d’entreprises à impact séduit de plus en plus les investisseurs« , il relayait un rapport de la banque d’affaires spécialisée dans les nouvelles technologies, GP Bullhound.

… comme des entreprises.

Sujet évoqué aussi, par d’autres approches, lors de la table ronde  » Impact & entreprises, peut-on se passer d’un label ? » organisée autour du projet de Pôle d’Innovation autour de l’économie d’impact. Sandrine Monestier – Babymoov expliquait la démarche conduite avec les fondateurs de l’entreprise pour trouver le bon partenaire financier pour reprendre une partie de leurs parts. Ce qui a conduit au choix du fonds Tomorrow a été guidé par la recherche d’un alignement de vision et d’objectifs.

Quant à lui, Vincent André- Picture, racontait comment la labellisation BCorp les a conduit à analyser les pratiques de leurs banques pour s’assurer qu’elles n’aient pas de pratiques contraires aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

Ça bouge donc. Peu à peu.

Nathalie de Peufeilhoux

Le monde de la finance, que ce soit les banques ou les fonds, évolue. Quels sont les changements qui s’amorcent ? 

Nathalie de Peufeilhoux, Responsable Pôle WAI Loire Auvergne Entreprises BNP Paribas.

BNP s’est elle-même engagée lors de la COP21 à accélérer l’accompagnement des entreprises pour atteindre l’objectif de maîtriser à 1.5° l’élévation des températures. Traduit en langage bancaire, cela signifie accroître significativement la part des prêts à impact d’ici 2025.

La transformation a d’abord été interne, en organisant le désengagement de certains types d’investissements. Ces engagements sont chiffrés, officiels et donc contrôlés. En parallèle, il faut accompagner les collaborateurs pour qu’ils maîtrisent ces nouvelles approches. Un vaste programme de formation interne a été engagé.  

D’abord interne, la transformation concerne désormais toutes les entreprises

Puis, elle s’est adressée aux clients de la banque. Pour aider nos clients à se transformer, il faut d’abord les accompagner dans une évaluation de leur modèle, d’où qu’ils partent. Là, les outils possibles sont nombreux et le choix est bien sûr laissé à chacun. Cela peut être une certification, un label, un bilan carbone, etc. L’essentiel étant d’entamer la réflexion sur des bases réelles et de pouvoir ensuite fixer des objectifs, atteignables, pertinents  et vérifiables. L’évaluation, externe, peut être réalisé par un expert comptable, un organisme de certification type ecovadis

Le rôle de la banque est alors d’accompagner le coût de la transformation et d’adosser les financements sur des critères RSE mesurables. Concrètement, il s’agit de bonifier les taux de crédit en fonction de l’atteinte des objectifs fixés. Cette approche était initialement destinée aux grands groupes, désormais elle s’adresse potentiellement à toutes les entreprises.

D’autres types d’échanges

Ce qui est assez passionnant, c’est à quel point cela change la nature des échanges entre le banquier et son client. Les discussions ne portent plus seulement sur les capacité à rembourser mais vont aller sur des critères ESG; Le prisme est large mais le questionnement est adossé aux ODD (les objectifs de développement durable). Ensuite, à chacun de fixer ses priorités. Cela peut porter sur la mise en place de plan de mobilité, la réduction de ses consommations d’énergie ou de papier, le développement d’une flotte de véhicules électriques, la réduction du nombre d’accidents  … 

C’est aussi pour les banques une manière d’accompagner leurs clients dans l’appréhension des risques à venir. Ne pas agir peut être un vrai danger pour la pérennité de l’entreprise, par rapport aux exigences réglementaires, à celles de ses clients, à de nouveaux critères dans les appels d’offres … 

Un état des lieux pour commencer

Pour les PME réticentes ou démunies, il n’y a pas de posture morale mais un état des lieux pour commencer et lever les freins avec des expertises accessibles. On peut commencer par un rapport extra financier, cela permet d’embarquer les équipes: c’est une démarche très mobilisatrice, qui peut avoir aussi un impact positif sur la stratégie, sur la culture interne… Bref, il faut y voir une véritable opportunité, y compris commerciale ! 

Et aussi, on y pense moins directement mais sur la question de l’attractivité en matière de recrutement, cela peut être un vrai frein pour les jeunes générations.

Un outil avec Impact France

Impact France rassemble l’ancien MOUVement des Entrepreneurs Sociaux” et  le réseau Tech for Good France; Elle s’est ouverte aux entreprises ne faisant pas partie de l’ESS mais ayant engagé une transition sociale et écologique. Son but ? « Montrer qu’un autre modèle d’entreprise est possible» et embarquer d’ici 5 ans 30% des entreprises françaises. L’association a d’ailleurs développé un outil pour calculer son impact score . Structuré autour de 4 dimensions majeures, les externalités écologiques, sociales, le partage de la valeur, et enfin le partage du pouvoir, il permet de se positionner. 

Un premier pas en somme !