En janvier 2021, Michelin lançait le premier « creative event » autour d’un projet de transformation du site Cataroux sur 4 axes : la manufacture des talents [lire], un centre d’excellence des matériaux durables [lire notre article], une transformation-ouverute du quartier des Pistes et la création d’un lieu de vie et de travail autour de l’économie d’impact : le PIC aujourd’hui.
De nombreuses parties prenantes mobilisées
Le Connecteur a suivi le projet du PIC de l’intérieur [Lire les articles précédents]. Enfin, de l’un des intérieurs: le comité d’impulsion. Il y en a d’autres. Le tandem Michelin-Turing 22, aux avant-postes. Le comité d’impulsion, représentant la diversité des acteurs de l’écosystème qui s’est réuni de nombreuses fois, … Et la foncière donc, officialisée ce jour: les actionnaires.
53Millions d’euros: un montage financier ‘solide’
Ce 1er juin, c’est donc la foncière au grand complet qui invite la presse pour prendre la parole sur son engagement dans cet énorme projet.
Ils ne sont pas moins de 6 à figurer sur l’invitation. Jean-Philippe OLLIER, Directeur du programme Parc Cataroux – Groupe Michelin ; Frédéric BARAUT, Directeur général – Crédit Agricole Centre France ; Barbara FALK, Directrice régionale Auvergne-Rhône-Alpes – Banque des Territoires ; Fabrice GOURGEONNET, Président du Directoire – Caisse d’Epargne et de Prévoyance Auvergne Limousin ; Claude BARBIN, Président – CCI Puy-de-Dôme Clermont Auvergne Métropole et Stéphane Rubi, pour Cardinal.
Le montant total du projet s’élève à 53 millions d’Euros, financés par les deux banques à parité. Les fonds propres de la foncière, 20 millions d’€, sont répartis entre les 5 actionnaires.
- 36% détenus par le Crédit Agricole Centre France
- 22% détenus par Michelin et autant pour la Banque des Territoires
- 12% pour la Caisse d’Epargne Auvergne Limousin
- Et 6% pour la CCI Clermont Auvergne Métropole
L’État, la Région et la Métropole contribuent également au financement du projet sans en être actionnaires. Quant à Tristan Colombet, futur exploitant, il apportera 7,5 Millions d’euros.
Collectif, rayonnement, symbolique… les mots des actionnaires
Chacun l’a dit à sa façon: le PIC doit être un moteur de l’innovation, de la dynamique économique et du rayonnement du territoire.
Jean Philippe Ollier, Directeur du programme Parc Cataroux, insiste sur la place unique du PIC. Il s’inscrit dans un lieu très symbolique et vivra au cœur d’un ensemble « relié par l’innovation et en interaction« . Avec la Manufacture des talents, dont la mission est d’innover dans l’approche de la formation. Avec le Centre des Matériaux Durables. Et avec le futur Quartier des Pistes, centré sur la culture et la santé.
Pour Frédéric Baraut, directeur général du Crédit Agricole Centre France, les deux ans de genèse ont conduit à un projet solide. Il contribuera à dessiner la ville de demain, tant en termes d’urbanisme que de développement économique. « C’est un projet local au service du territoire ». D’ailleurs, le Village by CA, installé à Turing 22 y prendra ses nouveaux quartiers dès qu’il sera opérationnel. A noter: Vincent Supiot, directeur du Village et Secrétaire Général du Crédit Agricole Centre France, assurera également la présidence du PIC.
Barbara Falk de la Banque des Territoires y voit un motif d’optimisme quant aux enjeux de réindustrialisation de la France. Elle relève également la volonté des acteurs privés et le soutien apporté par le Public. Un projet emblématique, porté, exploité et financé par le privé mais également soutenu par l’Etat, la Région et la Métropole, parce que d’intérêt général.
Des modes de vie – et de travail- qui changent
Fabrice GOURGEONNET, Président du Directoire de la Caisse d’épargne Auvergne Limousin y voit également un projet symbolique et utile au service du territoire. Il y voit une nouvelle page d’histoire qui s’écrit sur celle déjà riche de Cataroux. Une histoire en phase avec les évolutions sociétales qui voient se répandre les pratiques de coworking, de coliving, de lieux de vie hybrides.
Il relève également que les deux banques associées au projet jouent un double rôle. Celui, classique de financeurs mais également d’entrepreneurs puisqu’ils ont également pris part au capital.
Pour Claude Barbin, Président de la CCI Clermont Auvergne Métropole, rejoindre cette foncière était une manière de « rassembler ses deux amours, les entreprises et le territoire ». Mais aussi de « saisir les opportunités pour le territoire de prendre la lumière à un moment stratégique. En effet, avec les projets de Clermont Massif Central 2028, de ligne Clermont – Paris à moins de 3h, … il s’agit de prendre sa place dans la grande Région et au niveau national.
A quoi ressemblera le PIC ?
C’est Stéphane Rubi, le PDG de Cardinal, lauréat du concours, qui raconte le projet dans lequel ses équipes sont entrées depuis l’appel à projets il y a 18 mois. Évoquant leurs motivations, il parle de l’envie de contribuer à un projet respectueux de l’histoire patrimoniale. Il évoque aussi l’ambition de rayonnement national voire international de ce nouveau lieu de vie et d’échanges. Et de la mixité d’usages, entre lesquels les frontières disparaissent. Et enfin, la dimension d’une architecture voulue « respectueuse de l’environnement et des hommes. Elle sera économe et responsable. Elle utilise le ‘déjà là’, en intégrant le bâtiment B146 au projet, en travaillant sur la compacité, la lumière, des fonctionnalités innovantes, les espaces extérieurs, … La construction vise le label Breeam Very Good.
Tristan Colombet [lire notre article « Turing 22 sera entreprise à mission« ], revenant sur la mixité des usages, évoque le public des « nouveaux nomades numériques internationaux ». Ce terme désigne ceux qui voyagent en transportant leurs activités professionnelles. Ils représentent une communauté en plein développement, qui amène dans son sillage des expertises et des connexions internationales souvent très riches. Le PIC entend les séduire par une offre originale et haut de gamme.
[Rétro] 18 mois, un concours, des dizaines de ‘corps de métier’ et des heures de réunions
Le 13 octobre 2022 dernier, après 9 mois d’aller-retour, 3 équipes présentaient leur réponse au concours d’architectes lancé pour donner corps au projet. Il prend forme sous la vision créative et technique des 3 équipes en compétition présentée devant un jury composé de profils très variés. Investisseurs, membres du comité d’impulsion, partenaires se retrouvaient pour exprimer un avis collectif, après une analyse- en profondeur- réalisée par les équipes du maitre d’ouvrage et de l’exploitant. Exercice pour le moins compliqué : les dossiers sont complexes, les critères à prendre en compte sont nombreux et pas forcément accessibles à tout un chacun. Pour autant, comme dans toute démarche participative, il faut accompagner l’expression d’un avis éclairé et donc donner de la matière pour que chacun puisse appréhender l’ampleur de chaque proposition.
Expliquer pour impliquer
Un curseur difficile à placer. La journée a démarré par un rappel du programme. Puis, c’est la présentation de l’analyse de chacun des critères par chacun des corps d’experts mobilisés pour construire l’analyse en amont : architecturale et fonctionnelle, délais études, chantier, prestations techniques, environnementale, facilité d’exploitation – maintenance, qualité technique, critère innovation, responsabilité environnementale, économie d’impact
Honnêtement, pour le vulgum, l’analyse des qualités de chauffage, ventilation, climatisation et plomberie par exemple ou celle des qualités techniques des courants forts, n’est pas complètement passionnante et on peut observer un léger décrochage dans l’assemblée.
Pourtant, même si on n’accroche pas toujours aux propos des experts, il faut admettre que le passage est obligé et que des efforts conséquents ont été fournis pour délivrer une information globalement assimilable. Les petits diagrammes synthétiques pour chaque candidat et chaque critère sont bien aidants par exemple. Et si on n’a pas bien compris l’ensemble des détails, on voit quand même peu à peu se dessiner les points de forces et de faiblesses de chaque candidat.
17h30, c’est terminé. Le jury a écouté le point de vue de l’équipe technique mobilisée autour du maitre d’ouvrage. Puis, il s’est exprimé en classant les propositions par ordre de préférence. Nous sommes le 13 octobre 2022.
S’ensuivent 7 mois de silence. Mais manifestement pas d’inactivité. Ces 7 longs mois ont été consacrés à deux sujets : la négociation avec le finaliste et son challenger et le bouclage de la foncière.
C’est chose(s) faite(s) en ce 1er Juin 2023. Rendez-vous pour les prochaines étapes qui vont assurément jalonner l’aventure de ce projet hors normes. Et dans tous les cas, à l’été 2025 pour l’ouverture d’un nouveau lieu totem de l’innovation et de l’économie d’impact.