Le 29 juin dernier, Biotech France, l’Institut Analgésia, le CHU Clermont et le GIMRA organisaient une rencontre autour de l’innovation locale en santé: la healthtech. Souvent issue des sphères scientifique et médicale, l’innovation en santé peut profiter du déploiement territorial du Plan France 2030.

L’occasion de prendre conscience de la densité de l’écosystème healthtech en Auvergne et d’en (re) découvrir les acteurs majeurs.

Les mots

Healthtech

D’après l’OMS, les « technologies de la santé » comprennent les médicaments, les dispositifs médicaux, les technologies d’assistance, les techniques et les procédures mises au point pour résoudre les problèmes de santé et améliorer la qualité de vie. Ces technologies sont utilisées dans tous les types d’établissements de santé. Elles jouent un rôle majeur dans les systèmes de soins de santé contemporains et contribuent directement à la qualité des soins aux patients. (source, site France Biotech)

Medtech

Les Technologies Médicales font référence à l’utilisation de technologies, de dispositifs, et d’équipements dans le domaine médical pour prévenir, diagnostiquer, surveiller ou traiter les maladies et les conditions de santé. Cela englobe une vaste gamme d’applications, allant des appareils de diagnostic médical aux dispositifs d’assistance à la mobilité et aux équipements de chirurgie avancée. A Clermont, SurgAR en est un bel exemple. « Il développe et ambitionne de commercialiser une suite de logiciels de réalité augmentée pour la chirurgie mini-invasive (laparoscopie). Celle ci est pratiquée grâce à une caméra et de petites incisions. Ses logiciels offrent au chirurgien la transparence des organes en fusionnant en temps réel l’imagerie préopératoire avec la vue chirurgicale. »

Biotech

La « Biotech » utilise les organismes vivants pour développer des technologies et des produits ayant des applications industrielles et médicales. Cela inclut la manipulation des gènes, des cellules, et des protéines pour créer des médicaments, des vaccins, des produits agricoles améliorés…

L’exemple local : Greentech, pionnier de la biotechnologie végétale. Depuis trente ans, elle développe et produit pour la cosmétique, la pharmacie et la nutraceutique des ingrédients actifs de haute technologie, issus des mondes végétal, marin et microbien.

E santé

L’E-santé, se réfère à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour faciliter la collecte, le partage et l’analyse des informations médicales. Cela comprend les dossiers médicaux électroniques, les applications mobiles de suivi de la santé, la télémédecine, les dispositifs connectés de surveillance médicale visant à améliorer l’accès et la qualité des soins de santé.

L’exemple local : eDol, développé par l’Institut Analgesia pour « améliorer l’évaluation de la douleur et accompagner le patient au quotidien dans la gestion de sa douleur ». Au-delà eDol doit permettre de développer de nouvelles pistes de recherche autour d’une meilleure caractérisation des profils de patients douloureux.

Ecosystème : Biotech France, la tête de pont nationale

Biotech France, c’est l’association nationale qui rassemble ces entreprises du secteur des biotechnologies appliquées à la santé. Son rôle est de contribuer à créer un écosystème favorable à l’innovation et à la recherche en santé, notamment en facilitant les partenariats entre entreprises et chercheurs. Elle encourage l’émergence de start-ups et accompagne les jeunes entreprises innovantes. Enfin, elle agit comme lobbyiste pour « fluidifier » le cadre de développement des démarches d’innovation.

Les chiffres… en France

Un secteur qui représente 2600 entreprises. 1440 dans le secteur Medtech, 800 dans les biotech et 400 en numérique en santé. Ce dernier est aussi celui dont la croissance en création d’entreprises. La croissance de la filière est forte en termes de nombre d’entreprises, de création d’emplois et d’internationalisation (un quart ont une filiale à l’étranger). De plus, historiquement, la France est une zone de production importante de l’industrie pharmaceutique.

… et en Auvergne Rhône Alpes

On peut retrouver sur le site Auvergne Rhône Alpes Entreprises le panorama de la filière Pharmaceutique et biotech réalisé en 2021.

En résumé :

  • un tissu industriel composé à 82 % de TPE et PME,
  • 251 entreprises en région soit près de 10% des entreprises françaises
  • un chiffre d’affaires de 62 milliards d’euros en 2020,
  • 16 338 salariés et 150 métiers

La Région Auvergne Rhône Alpes a un vrai poids au niveau national. Et le Puy de Dome se situe en 2ème position après Lyon, en termes de poids économique sur ce secteur d’activité.

Un CHU en pleine révolution culturelle

On y pense pour ses activités de soin bien sûr, mais le CHU a aussi une véritable politique d’innovation qui, selon Anthony Buisson, Président de la Recherche Clinique et de l’Innovation du CHU, a récemment enagé une totale révolution culturelle. Cela s’est traduit par une augmentation du budget R&D, par le renforcement d’équipes expertes en business développement, et surtout dans l’intensification des collaborations … Ces collaborations visent à accélérer le transfert de technologies et de connaissances de la recherche vers la pratique clinique. Le but, permettre ainsi aux patients de bénéficier plus rapidement des avancées médicales.

L’une des premières démarche consiste d’ailleurs à renforcer la lisibilité des thématiques de recherche au travers d’une carto et d’un annuaire. A Clermont, ce sont la pharmacologie, l’épidémiologie et le big data, la nutrition, les maladies chroniques, la santé mentale, la sarcopénie, le microbiote, la mobilité, … a

Le CHU de Clermont cherche aussi à se positionner sur l’incubation de projets innovants en santé. Des structures dédiées sont mises en place pour soutenir les initiatives entrepreneuriales liées à la santé. La recherche est très concurrentielle, elle a besoin d’aller vite. Le CHU de Clermont, après restructuration de son organisation interne, est aujourd’hui reconnu, et attractif, pour sa capacité à accélérer les process.

Les labo de recherche universitaires

L’Université Clermont Auvergne, labellisée I-site, Cap2025, au travers de ses laboratoires de recherche, développe aussi de nombreuses collaborations, avec le CHU mais également le CNRS, l’INRAé, …et égalemennt des entreprises du territoire. Clermont Auvergne Innovation joue un rôle clé de trait d’union entre ces différents univers.

La fondation Analgésia

La Fondation, elle-même issue du CHU et de l’Université, est dédiée à l’innovation contre la douleur, problème de santé publique majeur. Elle s’investit dans la recherche pour mieux comprendre les mécanismes de la douleur chronique et développer des traitements plus efficaces. Par ailleurs, la Fondation soutient des projets novateurs visant à améliorer la prise en charge de la douleur chronique. Elle déploie aussi des programmes d’accompagnement et de soutien aux patients comme E Dol.

Le GIMRA (Groupement des Industries de Santé et du Médicament Auvergne) :

GIMRA est une organisation professionnelle qui rassemble les acteurs de l’industrie pharmaceutique et des technologies médicales. Il en est porte-parole auprès des pouvoirs publics, des organismes de régulation et des parties prenantes. Il encourage aussi l’innovation. L’association soutient les entreprises du secteur dans leurs efforts d’innovation et de recherche.

Quel élan pour la filière Healthtech dans le plan France 2030 ?

Le Plan France 2030 vise à « transformer la France en un acteur majeur de l’innovation dans différents domaines, y compris la Healthtech ». Il comporte plusieurs leviers. Ll’investissement dans la recherche et l’innovation, notamment les projets liés aux biotechnologies, à la médecine régénérative et aux technologies médicales innovantes. Le renforcement des infrastructures de recherche et plateformes technologiques et la formation pour les nouvelles compétences nécessaires. L’encouragement technique et financier de l’entrepreneuriat de la création de start-ups. L’accélération des processus réglementaires d’autorisation et de mise sur le marché des produits de santé. Et enfin, le développement des partenariats public-privé pour permettre l’émergence de projets d’envergure.

Concrètement ?

Le Plan France 2030, pour son volet Santé représente 7,5Milliards d’euros de financements pour la filière, à décliner en région sous la houlette de la DREETS. Elle s’appuie sur les volets transformations des PME par l’innovation, le soutien des projets collaboratifs labo/PME, l’accompagnement des filières dans leurs besoins mutualisés de transformation, le déploiement d’ingénierie de formation, le soutien de la relocalisation de l’industrialisation …

Localement, l’enjeu du déploiement est de faire connaître et bien appréhender les dispositifs de financements et leurs conditions. Il faut apprendre à lire entre les lignes et bien décoder les appels à projets. C’est là que l’écosystème local d’ingénierie et de financement prend tout son sens.