La Brasserie du Digital est sortie de terre au Puy en Velay il y a quelques semaines. Son ouverture officielle a eu lieu le 10 juillet et elle sera officiellement inaugurée fin septembre. On lui souhaite longue et heureuse vie !
Et on en profite pour découvrir le lieu et le parcours de Laura, sa directrice, arrivée il y a quelques mois pour finaliser le projet. Elle nous en raconte la genèse.
Un tout nouveau lieu au Puy en Velay au nom plutôt prometteur, racontez nous l’histoire de la Brasserie du Digital ?
L’histoire démarre par l’envie de 3 entrepreneurs numériques du territoire d’avoir un lieu en commun pour développer plus de collaboration et d’émulation. IRIS Interactive, OpenStudio et Logipro travaillent ensemble pour affiner leurs besoins.
Cette initiative conforte le projet de l’agglo du Puy en Velay, du Département de Haute Loire et de la Région de lancer un certain nombre d’actions pour articuler la filière numérique locale dont une étude de faisabilité et un diagnostic des besoins autour d’un lieu structurant de l’économie numérique.
Il faut aussi savoir que, outre la dynamique des entreprises citées, l’université propose déjà des formations autour de l’informatique, du numérique, du multimédia … et dispose d’un FabLab unique qui propose “les toutes dernières technologies de la fabrication numérique et de la réalité virtuelle”.
Rapidement les 2 initiatives se rejoignent et amènent à la création de La Cité Numérique du Pensio qui héberge aujourd’hui les 3 entreprises et la Brasserie du Digital, montée sous une forme associative, avec une gouvernance publique privée, qui veut refléter l’engagement des parties prenantes.
A quoi ressemblera la Brasserie du Digital ? Qui va l’habiter ?
La Brasserie du Digital a pris ses quartiers dans la Cité Numérique du Pensio, un ensemble de bâtiments flambant neuf de 2600 m² dédié au numérique, au coeur du Puy-en-Velay, et dans lequel les 3 entreprises initiatrices ont elles-aussi élu domicile. Nous y occupons pas moins ce 1250 m² hyper modernes, lumineux, … inspirants, le tout juste à côté de l’IUT. La Brasserie du Digital, c’est tout d’abord un espace de coworking : 50 postes, en open space, semi open space ou bureaux fermés, des salles en location équipées de visio top niveau, une salle de conférence (d’une capacité 160 personnes) avec un magnifique toit terrasse panoramique, offrant une vue imprenable sur les joyaux du Puy-en-Velay.
Et bien sûr, on y dispose aussi d’un espace de convivialité pour permettre le brassage des résidents et des invités du moment : coworkers, incubés, adhérents de l’association, équipes des entreprises résidentes… Et non, il n’y a pas de brasserie dedans, même si un jour peut être nous nouerons des partenariats avec des brasseurs locaux !
A quel besoin répond la création de LB2D ?
L’ESPRIT DU LIEU : un totem du numérique
Sa vocation est de contribuer à la mise en place d’un écosystème favorable à la transition numérique des socioprofessionnels du Puy en Velay. Son ambition est aussi de contribuer à la création des vocations et à l’accélération de la transition numérique des acteurs du territoire.
C’est large mais c’est ce qui est passionnant.
Ce lieu va vivre au travers d’un programme de temps forts, conférences, meet up, afterworks, … le but est d’animer la communauté numérique du territoire, donc nous prendrons appui sur cette communauté : les étudiants, via des collaborations avec l’IUT ou avec l’ESEPAC (école supérieure européenne de packaging), les collégiens via des programmes de sensibilisation au codage avec le Département, ou encore les commerçants, artisans, PME pour un accompagnement sur la transition numérique de l’économie de proximité avec l’agglo qui déploiera ici certains de ses programmes, avec Digital League aussi notamment pour répondre aux besoins de recrutements des métiers du numérique …
Et puis, toujours dans cet esprit, nous allons développer des partenariats. Le premier annoncé est mené avec l’accélérateur Le Bivouac qui proposera un programme spécifique d’incubation puis d’accélération de start-up au sein de la Brasserie du Digital. Nos deux structures vont collaborer et co animé des programmes d’accompagnement afin de maximiser les chances de réussite de ces entrepreneurs innovants. Le premier appel à candidature est lancé pour un démarrage en octobre.
Il y a beaucoup de sujets qui m’animent Il y a beaucoup de sujets qui m’animent
La question de la sensibilisation des jeunes femmes aux métiers du numérique, le numérique responsable … ce sont des sujets que nous aborderons certainement ici !
Au Connecteur, nous aimons bien ‘connecter’ les univers. Avez vous en tête un rêve secret de collaboration ?
J’ai la très forte motivation de monter un événement sur un weekend qui à travers diverses collaborations, proposerait des workshops, expos, concerts, hackatons, mettant en lumière la culture numérique dans l’art, la musique, les jeux vidéos etc… mais également des rencontres, conférences et tables rondes sur les thématiques de l’entrepreneuriat, l’innovation, les nouvelles technologies … Nous avons d’ailleurs commencé à travailler sur le sujet. Affaire à suivre donc. 😉
On sait aujourd’hui à quel point les modèles économiques des tiers lieux sont fragiles. Quel est celui de LB2D ?
L’investissement bâtimentaire a été porté par La Région, l’Agglo et le Département de même que le salaire de Laura sur la période de montage du projet, de novembre 2019 à juin 2020.
Désormais, la Brasserie du Digital est une association avec une gouvernance majoritairement privée, la présidence étant d’ailleurs assurée par Frédéric PACOTTE, entrepreneur dans le domaine du digital. LB2D paie un loyer à la collectivité mais bénéficie également de subventions de fonctionnement pour 3 ans (Région, Agglo et Département) et d’une contribution financière provenant des 3 entreprises à l’origine du projet. Ses recettes seront issues des adhésions, des locations de salle, du coworking, des programmes d’incubation et d’accélération. Elles devraient sous 3 ans atteindre plus de 50% du budget. Puis l’association de préfiguration se transformera en scic pour formaliser cette implication des parties prenantes publiques et privées.
Laura en est désormais la directrice, avec un poste hybride lui aussi : mi direction mi coach de start up.
Laura, comment êtes-vous arrivée là, qu’est ce qui vous motive dans ce projet ?
Je suis arrivée à l’agglo pour finaliser le projet : terminer les travaux d’aménagement, commander le mobilier, gérer les questions juridiques, marketer l’offre, monter les partenariats … C’était vraiment une expérience incroyable de monter un projet de A à Z et de passer d’un sujet à l’autre sans cesse j’ai adoré ça…
A la base, j’ai un DUT services et réseaux de communication (qui s’appelle désormais MMI métier multimédia et internet). Il couvre tous les métiers liés au numérique : le développement, les bases de données, le graphisme, le multimédia, la gestion de projet. Le socle était assez large, ce qui fait que les problématiques que je rencontre aujourd’hui me parlent.
J’ai plutôt pris une voie marketing et communication mais en gardant la capacité à discuter avec les dev et les techs. Puis j’ai poursuivi mes études avec une école de commerce et un master 2 en marketing stratégique à l’IAE de Toulouse.
J’ai passé 7 ans à Toulouse en tant que responsable de la communication et du marketing chez un éditeur de solutions métiers. Quand j’ai quitté l’éditeur de logiciel, j’ai pris une fonction identique mais dans le milieu associatif, pour une structure qui développait le logement intergénérationnel à Toulouse. C’est un projet qui faisait vraiment sens pour moi, je suis sensible à la question de l’isolement des personnes âgées dans notre société. Cette expérience m’a donné le goût des projets en partenariat public-privé et cette notion d’impact, d’intérêt pour le territoire, de sens …
Ensuite, j’ai travaillé à mon compte, 3- 4 ans, en tant que conseil en communication et marketing… J’ai beaucoup travaillé pour l’économie de proximité : du maraîchage, des restau, des hôtels, des associations, des artistes, des vignerons…. Mais aussi pour des PME sur des projets de e-commerce. Là aussi, je bossais pour des projets qui faisaient sens, des gens qui faisaient des choses vraies, qui contribuaient à animer la ville, qui avaient besoin d’aide sur la meilleure façon de réussir leurs initiatives …
C’est un vrai moteur pour moi finalement cette notion d’utilité !
Puis mon compagnon a été recruté par le Parc des Monts d’Ardèche et comme on avait bien envie de découvrir d’autres territoires, je l’ai suivi dans un village de 1000 habitants !
J’ai cherché un nouveau travail que j’ai trouvé assez vite à la CCI d’Aubenas en tant que chargée de mission numérique pour accompagner la transition numérique des TPE et PME du département.
C’est intéressant de se mettre un peu en danger, de voir comme on va rebondir … finalement, cela permet d’avoir confiance en soi. Je suis contente d’avoir pris ce risque et de bosser au vert même si on fait un peu plus de voiture, le cadre de vie est hyper privilégié
J’avais envie de bosser pour un territoire, de contribuer à son développement. Le job que j’ai aujourd’hui c’est vraiment la parfaite synthèse: le numérique, la proximité, le public-privé, les partenariats … Je suis bien dans cette nouvelle vie.
Ca fait quelques mois que vous êtes arrivée sur le territoire. Si on devait faire une carte postale de l’innovation du Puy, quelles innovations particulièrement prometteuses pourriez-vous partager ? Vos petits coups de coeur “monde de demain” ?
Le top 5 (ou 10) de Laura
- Touristique : L’Hôtel des Lumières ! L’Hôtel Dieu du Puy-en-Velay devient cet été un centre d’art numérique. A partir du mois de juillet nous pourrons retrouver sous forme d’exposition digitale des oeuvres de Cézanne, Monet, Van Gogh, Sisley mais nous pourrons faire également l’expérience d’un voyage au centre de la Terre sous forme de scénographies immersives inédites. Cela vient finaliser un parcours complet de mise en lumière des plus beaux monuments de la ville dans le cadre du Puy de Lumières. A voir ! www.hoteldeslumieres.com
- Numérique : A partir d’octobre prochaine ouvrira l’Ecole du Numérique portée par Campus 26 et Simplon. Des formations dispensées dans le cadre de l’inclusion et de la transformation numérique mais aussi pour avoir un niveau confirmé dans les métiers du code, des postes très recherchés pour les entreprises du numérique du Puy-en-Velay !
- Agro / alimentation : Une très belle réussite d’entreprise à mettre en lumière, l’entreprise Sabarot spécialiste des légumes secs avec l’emblématique lentille verte AOP du Puy-en-Velay mise en valeur par l’entreprise. Comme la Noire du Velay, les fruits rouges et le fromage du Velay, ces produits de caractère et emblématiques contribuent à l’identité forte de notre territoire.
- Artisanat : A l’heure où consommer local et de qualité est aujourd’hui un enjeux primordial, nous sommes très fiers sur le Puy, d’avoir la rue des Arts qui met en avant les savoirs-faire de nos artisans d’arts. Cette rue est une vitrine locale de tous les savoirs faires de la haute-loire et plus globalement de la région (dentelle, créations textiles, travail du bois, des vitraux et du verre, sculptures, bijouterie, orfèvrerie, joaillerie…)
- Santé : WelcomeDoc, un formidable dispositif d’accueil des professionnels de santé sur notre territoire qui a permis de développer l’offre de soins et de lutter contre la désertification médicale. Les professionnels de santé sont pris en charge dans leur projet d’installation sur le plan pro tout en veillant également à l’épanouissement personnel via l’accès à la culture, les loisirs, le sport, le logement et la petite enfance sur le Puy. https://www.welcomedoc.fr/
- Education : Au Puy, nous avons la chance d’avoir 1 bientôt 2 Master qui permettent de renforcer le continuum de formation sur des métiers d’avenir. Le Master Ingénierie de Conception, parcours Packaging Numérique de l’ESEPAC à Saint-Germain-Laprade : le parcours a débuté à 16 étudiants en septembre 2019 et il y aura 24 étudiants en sept 2020. Au-delà du fait qu’il s’inscrit dans la stratégie régionale de développement du numérique, qu’il est labellisé sur le « campus du numérique » et sur le pôle de compétitivité « plastipolis », il est unique en France, correspond aux nouveaux métiers sur le packaging et aux technologies de pointes mises en œuvre dans ces entreprises. Il a aussi une vocation à développer l’entreprenariat pour les jeunes diplômés avec l’espoir de voir grandir en local de jeunes pousses sur le segment des packaging connectés. https://www.esepac.com/
En septembre 2021 ouvrira Le Master Informatique Parcours 3D et Intelligence Artificielle de l’IUT situé juste à côté des locaux de La Brasserie du Digital. L’objectif est de former des Bac+5 spécialisés aux nouvelles technologies et à l’informatique de pointe (RA/RV, IA, programmation parallèle, objets connectés, cloud computing …). Une des forces majeures de cette formation repose sur sa mixité pédagogique impliquant des entreprises de la région et des laboratoires de recherche et l’UCA.
- Culture : CALQ, le magazine de découvertes locales : portraits, talents, initiatives, tendances dans les domaines culturels, gastronomiques, touristiques… Les couvertures illustrées par des artistes et photographes locaux sont toujours de véritables petits bijoux. https://www.calq-magazine.fr/
- Mobilité : l’application MyBus de la startup Monkey Factory. Une création 100% made in Auvergne et dont le siège se situe au Puy. Cette appli permet de faciliter les voyages en transports en commun grâce au smartphone qui devient un titre de transport (guide horaires, temps réel, calcul d’itinéraires et m-Ticket) https://www.mybus.io/
- Écologie : Auto et Vélo en Velay ! le service de location de vélos et voitures électriques créé par la Communauté d’Agglo. 9 voitures électriques en autopartage et réparties sur 7 communes de l’agglomération pour Auto en Velay et 40 vélos + location de stationnements sécurisés pour Vélo en Velay. L’abonnement de location de vélo peut également être pris en charge à 50% par l’employeur si on l’utilise pour aller bosser. https://www.agglo-lepuyenvelay.fr/mobilite/
Les dates clés de la rentrée
- Appel à candidature pour le programme d’Incubation du Bivouac à La Brasserie du Digital : à partir du 24 août – Démarrage du programme en octobre 2020
- Inauguration publique de La Brasserie du Digital fin septembre
Les sources d’inspiration de Laura
La chaîne ThinkerView, hyper inspirante
Softpower Podcast sur France Culture Le magazine des industries culturelles et du numérique de France Culture. « Soft Power » est, depuis 2006, le magazine des industries culturelles, des médias et du numérique de France Culture.