CHRONIQUE DE LA TECH AUVERGNATE 

par Laurent LAPORTE- Braincube


Connaissez-vous cette définition pour une innovation? On innove quand on brise un compromis. Plus spécifiquement, nos technologies sont toujours le résultat d’un compromis entre deux dimensions a priori antinomiques.
 
Par exemple, si vous avez besoin de stocker des données sur des serveurs, mais que ces machines sont onéreuses à l’investissement et ont des limites de volume de données, pour qu’elles ne saturent pas il faudra faire une sélection du nombre de variables à collecter et de leur fréquence d’acquisition.
 
Beaucoup de données impliquent beaucoup de serveurs à superviser, et quand on a des moyens limités, on doit faire des choix et on ne peut pas récolter tout ce qu’on aurait voulu. On doit faire le choix d’un compromis rationnel.
 
Mais une innovation est venue changer la donne : le cloud.
 
Cette infrastructure virtualisée est totalement élastique et s’adapte en temps réel au besoin instantané de consommation de données, et de plus fournit une puissance disponible et  partagée bien supérieure à une installation locale.
 
On a brisé le compromis.
 
Innover c’est trouver une solution qui permet de cumuler les deux avantages de deux dimensions a priori antinomiques. 
 

Alors venons-en à notre thème, la 5G et les territoires.

On nous présente la 5G, et ses performances exceptionnelles en mobilité, comme une innovation. Alors que c’est clairement une évolution de la 4G.
 
On améliore ce qui existe, comme c’est dans l’ordre des choses.
 
Et cette technologie représente des opportunités très intéressantes dans des domaines comme les opérations chirurgicales à distance, le pilotage automatique des véhicules dans des zones dangereuses ou le travail collaboratif de robots ultra rapides dans une usine. Elle devrait apporter de belles opportunités d’innovations professionnelles réellement nécessaires.
 
Mais cette technologie a un revers de médaille potentiel dérangeant : elle va aussi permettre d’augmenter la consommation privée de contenus numériques, et principalement des vidéos, avec un impact environnemental fort.
 
En gros, la 5G ce serait plus d’usages récréatifs pour beaucoup de pollution sur nos territoires à cause de l’origine de l’électricité nécessaire produite.
 
 

Antinomies

Je vois en fait deux axes antinomiques.
 
D’un côté une technologie qui évolue et qui continuera à évoluer, et de l’autre la nécessité vitale de préservation de notre planète, de notre nature et de nos territoires.
 
Pour que la 5G soit acceptable, elle doit nous apporter un progrès environnemental.
 
Deux pistes.
Un changement radical vis à vis de l’origine de la pollution du numérique, la génération d’électricité qui doit absolument devenir quasi sans impact.
 
Et en parallèle, soyons rêveur, un changement sociétal d’appréhension du numérique, en informant l’utilisateur en permanence de son impact réel.
 
Dans le premier cas, on pourrait opter pour un nucléaire de nouvelle génération, comme la fusion.
 
Et dans le deuxième cas, puisque qu’on ne pourra pas compter sur l’éducation ou la responsabilité collective, il va falloir passer par de la réglementation ou de la fiscalité.
 
A moins de trouver une solution bien plus brillante à ce compromis!
 

Un symbole de l’ancien  monde

Enfin, la 5G est un peu le symbole de l’économie précédente, celle qui nous fait courir à notre perte. Et les enjeux pour notre planète sont bien supérieurs à cette petite évolution technologique potentiellement dévastatrice sur le moyen terme.
 
On peut comprendre que la 5G soit un outil puissant, nécessaire pour des usages professionnels qui vont apporter du progrès à l’humanité, mais qu’il ne faudrait pas mettre en toutes les mains.
 
La grande tragédie ultra-consommatrice de nos sociétés se perpétue à l’infini, comme un tsunami matérialiste qui va nous emporter.
 
Mais bon, quand le sage montre la lune, le fou regarde le doigt.
 
Sommes-nous tous devenus fous? Le sage nous proposerait de nous hâter lentement, en généralisant les technologies quand elles représentent un vrai plus pour l’environnement et que notre maturité collective est suffisante pour en apprécier les vertus et éliminer les abus.
 
 
 
Laurent Laporte est le CEO de Braincube, très engagé dans l’écosystème d’innovation et d’entrepreneuriat du territoire, il est administrateur du Connecteur, membre du board de la French Tech Clermont Auvergne et Président de la Délégation territoriale de la Digital League.
 
Pour en savoir plus sur Laurent Laporte lire notre article