Éducatrice spécialisée devenue photographe, Alicia BK explore les liens entre image, mémoire et émotions. Son travail met en scène des parcours intimes pour permettre à chacun·e de se réapproprier son récit, dans une démarche sensible et engagée.

Trouver sa voie entre social et photo

Née à Nice, Alicia grandit en Haute-Loire. Son parcours scolaire la mène jusqu’à un bac STG, avec en tête le métier d’éducatrice spécialisée. Elle tente des études de psychologie à Clermont-Ferrand, qu’elle abandonne rapidement. Elle finit par réussir le concours d’éducatrice à l’ITSRA et exerce à Lyon. Mais son hypersensibilité, son besoin de sens et son goût pour l’image prennent le dessus. Elle quitte le social pour se rapprocher de sa passion : la photographie.

« J’ai un gros manque de confiance à la base. Je pense que je suis allée dans le social parce que c’était un métier classique. Mais ce n’était pas mon envie à moi. »

Créer un métier à son image

Elle prend une année pour se former à la photo, crée son entreprise, enchaîne les petits boulots, puis suit son conjoint à Toulouse. Son ambition : marier le social et la photographie en créant des images symboliques autour des événements de vie (mariage, deuil, maladie…). Un deuxième déménagement, cette fois dans la Creuse, et le Covid freinent son projet. Elle travaille à temps partiel en attendant de se relancer pleinement.

Quand la photo devient une nécessité

En 2023, une série d’épreuves personnelles (burn-out, deuils, grossesse) agit comme un déclencheur. La photographie devient alors un refuge, un moyen de garder le lien avec ses proches et de transmettre à sa fille les souvenirs familiaux. Elle comprend l’importance de laisser une trace et d’aider les autres à faire de même.

« Je vois comment les gens sont heureux d’avoir des souvenirs, des moments importants. C’est ce qui caractérise mon travail : la mémoire, l’héritage, la trace qu’on laisse. »

Depuis janvier 2025, Alicia se lance à plein temps dans son activité de photographe dans le Puy-de-Dôme.

Une approche artistique et engagée

Sa démarche ? Proposer une photo incarnée, qui aide à guérir ou à se retrouver. Elle travaille souvent autour de l’autoportrait ou de la mise en scène symbolique pour accompagner ses client·es dans des moments clés de leur vie. Si son approche ne remplace pas un soin, elle vient en complément, comme un outil de reconnexion à soi.

« Ce qui me rend le plus fière, c’est quand les gens me disent que les images les ont apaisés. »

Réparer par l’image et ouvrir le dialogue

Les photos d’Alicia racontent, suggèrent, déplacent les regards. Elle s’adresse particulièrement aux femmes, pour ouvrir des discussions sur les normes corporelles, les épreuves traversées et les traces qu’elles laissent. La nature, omniprésente dans ses mises en scène, renforce ce lien à l’intime et au vivant. Pour chaque séance, elle prend le temps d’écouter, de comprendre le message que la personne souhaite transmettre.

Une réussite à sa mesure

Aujourd’hui, Alicia regarde son parcours avec lucidité. Si elle regrette parfois d’avoir mis du temps à croire en elle, elle reconnaît que toutes ces étapes l’ont construite. Ce qu’elle recherche maintenant ? Vivre de ce qu’elle aime, sans sacrifier son équilibre.

« Ma réussite, ce n’est pas l’argent. C’est l’épanouissement. »

Alicia BK rappelle que la photographie, au-delà de l’esthétique, peut être un langage. Un outil pour dire, transmettre, relier. Et que la réussite, parfois, commence quand on s’autorise à être soi.