Dans une ère où l’information est reine, l’accès à des données fiables et ouvertes représente un enjeu majeur pour la démocratie et le développement social. L’open data, ou données ouvertes, se définit par la mise à disposition libre et gratuite de données numériques par les gouvernements et les collectivités. Ce mouvement global vise à renforcer la transparence, favoriser l’innovation et permettre une meilleure gestion des ressources. Illustration à Clemont-Ferrand, à travers le prisme de la médiation numérique.

Les fondements de l’Open Data

L’open data repose sur le principe que certaines données ne doivent pas rester confinées dans les cercles gouvernementaux ou académiques. Elles doivent être partagées avec le public pour permettre une meilleure prise de décisions collectives. « L’accessibilité des données permet aux citoyens de mieux comprendre les actions de leur gouvernement, tout en offrant aux entreprises et chercheurs des informations cruciales pour innover », explique Yannick Vigignol, conseiller municipal à Clemont-Ferrand. En France, des initiatives telles que le portail national data.gouv.fr facilitent cet accès. Il regroupe des jeux de données issus de diverses administrations, offrant ainsi des perspectives nouvelles pour l’action publique et sociale.

Redéfinition de la médiation numérique

La médiation numérique englobe un ensemble de services et d’actions visant à combler la fracture numérique. Elle a pour objectif d’aider les personnes éloignées de la technologie à gagner en autonomie. Wendy Lafaye, conseillère municipale, élargit cette définition : « La médiation numérique va bien au-delà de la simple assistance technique ; elle représente un véritable levier d’inclusion sociale et professionnelle. Elle englobe également des enjeux majeurs tels que la lutte contre le cyber harcèlement et la promotion de la cyber sécurité. Ce sont des préoccupations de plus en plus prégnantes dans notre société connectée. ». Il existe une multiplicité d’acteurs impliqués dans la médiation numérique, des associations locales aux institutions publiques. Cela témoigne de la nécessité d’une approche coordonnée pour adresser efficacement les besoins à tous les échelons de la société.

Le projet de standardisation des données de médiation numérique par MedNum

Pour harmoniser l’action des multiples acteurs engagés dans la médiation numérique, le réseau MedNum a lancé un projet ambitieux de standardisation des données. Quitterie De Marignan de MedNum résume l’objectif : « Notre mission était de créer un référentiel commun. Pour faciliter la collaboration, mais améliorer également l’efficacité des interventions sur le terrain. » Ce processus de standardisation a été mené en collaboration avec Datactivist, un collectif spécialisé dans l’exploitation des données ouvertes pour l’action sociale. 

La démarche de MedNum a inclus plusieurs phases de consultation et de collaboration. La MedNum a mis en place un comité de pilotage pour guider le projet. Des réunions régulières avec les acteurs de la médiation numérique ont été organisées pour identifier précisément quels champs devaient être inclus dans le jeu de données. « Il était crucial que le standard ne soit ni trop lourd ni trop léger. Nous voulions que le remplissage des champs soit suffisamment rapide pour ne pas décourager les contributeurs, tout en restant assez détaillé pour fournir une information utile. », précise Quitterie.

Après un an d’utilisation, ce standard est maintenant prêt à être évalué. Quitterie De Marignan ajoute : « Nous sommes à l’écoute de la communauté. Les retours que nous collectons sont essentiels pour ajuster et affiner le standard afin de mieux répondre aux besoins des utilisateurs. Une version 2, plus riche et plus précise, est en cours de développement. »

Enjeux de l’open data : la mise à jour des données

La mise à jour continue des données est essentielle pour maintenir leur fiabilité. Edmond Wach de Hinaura souligne que « l’animation territoriale et la collaboration sont clés pour la mise à jour des données. Nous organisons régulièrement des sessions avec les acteurs locaux pour réviser et rafraîchir les informations ». «Par exemple, on peut organiser des cartos party. Ce sont des moments de convivialité où divers acteurs se rassemblent pour mettre à jour ensemble les informations. Elles favorisent non seulement l’interconnaissance entre les différents intervenants mais aussi la réactualisation efficace des données.», précise Stéphane Gardé  référent Hinaura dans le Puy de Dôme. 

Le rôle quotidien des médiathèques dans la médiation numérique

Dans ce réseau, les médiathèques jouent un rôle crucial. Muriel Ferrand, responsable de l’accueil à la médiathèque de Clermont, témoigne de l’impact quotidien de ces espaces : « Nous offrons non seulement un accès à l’internet, mais aussi un accompagnement personnalisé pour utiliser les outils numériques. »

Pour les agents des médiathèques, disposer de cartographies à jour des acteurs de la médiation numérique est crucial. Ces cartographies leur permettent de réorienter efficacement les publics lorsque leurs demandes dépassent le cadre de la carte d’accompagnement numérique mise en place par les médiathèques.

En outre, les agents des médiathèques vont activement à la rencontre des acteurs de la médiation numérique situés autour de leur établissement. Cette démarche proactive leur permet de mieux connaître ces acteurs et de comprendre dans quels cas ils peuvent envoyer des personnes ayant des besoins spécifiques de médiation.

Pas de numérique sans Hommes

Cette initiative locale illustre comment la technologie et l’open data, correctement encadrée et partagée, peut devenir un vecteur d’égalité. Comme le dit Stéphane Gardé en conclusion de cette table ronde “plus il y a de numérique, plus nous avons besoin d’humain”.